Le temps pour des don Quichottes

Du sens pour l’histoire...

Partager cet article facebook linkedin email

L’auteur souligne que tout au long de l’histoire de Cuba, les cubains se sont montrés volontaires, engagés, solidaires pour l’indépendance de leur pays et sa transformation sur la voie du socialisme et de l’indépendance.
CD

OPINION

Publié par Juventud Rebelde le 30 décembre 2023
Auteur : René González Barrios

Chaque génération se trouve face aux défis de son époque. Ils peuvent être politiques, économiques, militaires, culturels, environnementaux, épidémiologiques entre autres. Souvent, les défis coïncident ou se multiplient selon les circonstances. Parfois ils se confondent et semblent insurmontables, immenses, accablants. En tout cas, surmonter les difficultés dépend fondamentalement de l’action de l’homme, de sa capacité créatrice, de sa volonté, de son optimisme et de sa foi en l’avenir. Ceux qui sont nés dans de cette île semblent être les héritiers, génétiques des Quichottes, toujours prêts à lutter contre les tempêtes et à chercher sans relâche un avenir de paix et de développement dont ils ne cessent rêver.

En 1868, les cubains, dans une conjoncture générationnelle, se sont lancés dans la lutte pour l’indépendance avec pour seule arme les idées et la machette de travail. La guerre a duré 10 ans. Le peuple a donné d’innombrables leçons d’héroïsme, de créativité et détermination. L’Espagne s’est trouvée dans l’obligation de déployer sur l’île une armée de 300 000 hommes jamais déployée par aucune puissance sur le continent. Et elle n’a pas réussi à vaincre par les armes. Seule la fracture de l’unité a vaincu les patriotes. Il en sera de même dans la Petite Guerre et au cours de la période précédant la Guerre Nécessaire organisée par José Marti.

En 1895, des jeunes fougueux et d’infatigables vétérans, eux aussi armés d’idées et d’optimisme se sont à nouveau lancés dans la quête de l’indépendance. La parole enflammée a suscité l’espoir et transformé en Titans une armée populaire qui fut sur le point de vaincre les 300 000 soldats de la nouvelle armée coloniale. Et une fois de plus l’impérialisme américain a profité de la division pour effacer la victoire remportée par les armes.

Lassée de la corruption et des crimes, la génération du centenaire de la naissance de José Martí a attaqué Moncada, a subi l’emprisonnement et l’exil, a débarqué du Granma, lutté dans les montagnes, dans les plaines, et dans les villes et renversé l’une des dictatures les plus corrompues et sanguinaires dont se souvienne l’histoire américaine. Une nouvelle révolution a alors débuté, menée par Fidel accompagné du Che, de Camilo, Raul et d’autres jeunes hommes d’à peine 30 ans pour les plus âgés. Avec eux, sources d’inspiration des peuples, on a fait face à un avenir incertain, plein d’inconnues et de défis, où s’ouvrait jour après jour la voie vers la construction d’une société plus juste : le chemin du socialisme.
De jeunes analphabètes ont appris à lire et à écrire et sont ensuite devenus techniciens, ingénieurs et médecins. De tout jeunes hommes ont appris le maniement des armes modernes pour défendre la souveraineté nationale. Cette génération a trouvé la plus forte motivation pour sa vie dans les défis de ces premières années. Il fallait rendre grande cette île, en faire la source d’inspiration et d’espoir des peuples du monde.

En affrontant les défis, Cuba a grandi et apporté une aide décisive aux pays du tiers monde. Des milliers de cubains se sont engagés comme internationalistes : combattants, enseignants, personnel de santé, techniciens dans différentes branches. Nous voulions partager chaque apprentissage à travers un échange communicatif de l’esprit solidaire hérité de notre histoire.

S’il fallait combattre le colonialisme, des cubains étaient prêts à le faire ; si on avait besoin de médecins pour faire face aux ravages d’une catastrophe naturelle, des cubains y étaient prêts ; pour porter la lumière de la sagesse aux peuples analphabètes, des cubains étaient prêts à le faire ; pour chaque cause noble et révolutionnaire dans le monde, des cubains étaient prêts. Cuba harcelée, en proie au blocus et attaquée, est devenue l’exemple de solidarité humaine le plus noble et altruiste de l’histoire universelle. C’était le résultat inspirant et communicatif d’un quichotte moral appelé Fidel Castro.

Les nouvelles générations, nées avec la Révolution, les héritiers des générations précédentes, des hommes et femmes de Giron, de la crise d’octobre, de la lutte contre les bandits et de l’alphabétisation, se sont rendues en Afrique, notamment en Angola pour redéfinir les destinés du monde sans rien en retour, avec la seule fierté du devoir accompli.

Ceux qui ne sont pas allés en Angola, en Ethiopie et sur d’autres glorieuses missions se sont trouvés dans de nouvelles situations où se sentir utiles au service de la patrie : la bataille d’idées, le développement de la science, la culture et le sport. Médecins, scientifiques, enseignants et artistes ont joué un rôle d’avant-garde. Et dans la Cuba assiégée, le bâtisseur s’est senti fier de ses œuvres, l’ouvrier de son travail, le scientifique de ses vaccins, le médecin des vies sauvées et, les combattants, de la défense de la patrie. Tous font partie du mécanisme synchrone d’une horloge éthique. Tous utiles et nécessaires, chacun rêvant de l’excellence de son travail.

La Cuba d’aujourd’hui est complexe. Les fronts de bataille sont multiples et les solutions très difficiles. La scène internationale n’est pas favorable, et l’impérialisme ne renonce pas et ne renoncera pas à son intention de combattre l’exemple moral que représente la Révolution Cubaine. Dans ce contexte on a besoin de réflexion critique, d’audace, d’interaction avec le peuple, de création collective et, par-dessus tout, de foi dans le socialisme et la Révolution. Les crises et les difficultés sont en même temps des opportunités. Les destinées d’une Cuba de justice sociale sont définies au sein du socialisme, sans renoncement possible, il y a des espaces pour rêver, créer, défier, combattre ; des espaces pour prendre le bouclier monter sur Rossinante et continuer à accompagner les rêves du Quichotte insulaire, venu au monde le 13 août 1926, pour nous transmettre sa trace : un monde meilleur possible.