Une juste reconnaissance.

Partager cet article facebook linkedin email

Rafael Hernández, politologue, a reçu le prix national de la recherche culturelle pour l’ensemble de son œuvre en 2023. Cet enseignant, diplômé en langue et littérature françaises, écrivain spécialiste des sciences politiques, sociologue, a particulièrement étudié les relations entre Cuba et les États-Unis. A la tête, depuis sa fondation en 1995, de la revue Temas, il a encouragé les débats, les analyses, les confrontations et organise le dernier jeudi du mois une table ronde sur les questions politiques, économiques, culturelles, etc. dans le cadre de « El último jueves de Temas » (le dernier jeudi de Temas). Nous reprenons ici les éléments d’une interview donnée à Granma en janvier 2024.

« Que représente pour vous la culture cubaine ?

La culture est un processus en plein développement. C’est un héritage contradictoire qui intègre des éléments très divers, parfois irréconciliables, un enchaînement de choses et d’idées qui nous est commun malgré toutes nos différences, une accumulation de représentations de nous mêmes, un ensemble de visions et d’associations, d’attitudes et de sentiments, certains positifs, d’autres moins. C’est un intermédiaire qui nous permet d’entrer en relation et d’inter-réagir avec le reste du monde auquel nous appartenons et que nous nous approprions tous les jours.

Comment les artistes et les écrivains peuvent-il, à votre avis, contribuer au développement de la société cubaine actuelle ?

En faisant ce qu’ils ont toujours fait : en étant présents, en défendant leurs idées, en s’engageant pour la société dans laquelle ils vivent, en se libérant d’un corporatisme étroit, en échappant aux tentations du marché et du succès facile, de la séduction des media et des velléités des réseaux sociaux, de la superficialité et de la facilité.

Ils doivent comprendre que la culture ne se limite pas à l’art et à la littérature, ni à un secteur institutionnel. Un écrivain, un artiste peut être un acteur du changement social mais pour cela il doit prendre en compte non seulement ses moyens d’expression mais aussi ses liens avec cette société qu’il ne connaît pas toujours et qu’il confond souvent avec son petit groupe d’amis. Il faut gagner le respect de la population par son implication.

Des conseils aux jeunes chercheurs ?

Qu’ils ne se laissent pas piéger dans les limites d’une discipline. Qu’ils apprennent tout ce qui peut leur servir pour comprendre les multiples facettes des phénomènes du monde réel qui ne se réduisent jamais à ceux d’une seule science. »

Pendant sa fructueuse carrière de chercheur il a consacré « du temps à des choses passionnantes, d’un point de vue culturel et politique, par exemple créer et en développer les études nord-américaines au sein du Centre d’études sur l’Amérique (CEA) et maintenir, contre vents et marées, la revue Temas. » (…)

Il a consacré une attention spéciale aux relations entre Cuba et les États-Unis dans ses recherches. Son intérêt remonte à sa grand-mère qui, la première, lui a parlé de José Martí. En lisant les textes du Héros national, « je me suis rendu compte qu’il en savait autant sur les États-Unis que sur Cuba et que son héritage culturel, civique et politique était inséparable de cette relation et de ce témoignage qu’il apporte sur les États-Unis. C’est ainsi que je me suis mis à étudier ce pays pour mieux comprendre l’histoire, la culture, la société et la politique de Cuba. J’ai depuis 40 ans eu l’opportunité d’enseigner et de mener des recherches dans des universités étasuniennes. J’ai appris, là-bas et ici que ce qui nous unit est bien supérieur à ce qui nous sépare, s’ils nous laissent tranquilles, nous pouvons mieux nous entendre entre nous qu’avec d’autres. »

https://www.granma.cu/cultura/2024-01-31/rafael-hernandez-el-oficio-de-la-investigacion-me-escogio-a-mi-31-01-2024-23-01-04

Portfolio

L’intellectuel cubain Rafael M. Hernández Rodríguez. Photo : José Manuel Correa