Tétralogie de la Havane ou le besoin impérieux de lire PADURA

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Tétralogie de la Havane ou le besoin impérieux de lire Padura

Publié vendredi 14 février 2020 sur le quotidien JUVENTUD REBELDE.

Auteur : Dailene Dovale de la Cruz

Dans le cadre de la 29ème édition Salon du livre on a présenté Passé parfait et Vents de carême de l’écrivain cubain Leonardo Padura. Les Editions Union publieront par la suite un second volume avec Electre à la Havane et L’automne à Cuba.

L’écrivain cubain Leonardo Padura. Auteur : RTVE

Aujourd’hui je me suis réveillée de bonne heure un livre à la main. Je le lis en me levant, pendant le petit déjeuner, dans la salle de bain, avant de m’habiller, en marchant, dans le bus - moite et stressée – à la Faculté…Je l’ai glissé dans une vieille revue pour le protéger pendant tout mon périple. C’est mon premier amour littéraire de ce Salon du livre.

C’était dimanche 9 févier 2020. J’étais arrivée à l’entrée du Morro Cabaña. Un ami –cheveux frisés, dégingandé et tout maigrem’a saluée. On présentait ce jour-là le livre de Padura, et j’ai immédiatement trouvé une direction à mon périple incertain.

La salle Alejo Carpentier a reçu des lecteurs passionnés, arrivées des heures avant la rencontre, ils se sont assis, ont pris place dans une longue file d’attente pour acheter le livre, ils ont attendu, se sont émus. Leonardo Padura a présenté les deux premières parties de Tétralogie de La Havane : Passé Parfait et Vent de Carême. Par la suite les Editions Unión publieront un second volume avec Electre à La Havane et L’automne à Cuba.

Dans la rue les gens lui demandent ce que devient le Conde ? Son Mario Conde va au-delà du papier imprimé et il n’est plus le sien ou peut-être ne l’a- t-il jamais été tout à fait. Pour Francisco Lopez Sacha il est le personnage Cubain du XXème siècle. Tout comme Celia Valdès l’a été au XIX ème siècle.

Leonardo Padura semblait sûr de lui, fier de son œuvre et de Conde en particulier. L’après-midi s’est déroulée dans le la sérénité. Et l’espace, petit et chaleureux, était complet mais dans un silence absolu. Ils écoutaient.

Padura a fait part de son besoin, au début des années quatre-vingt-dix, de raconter pour ne pas devenir fou et combien son lecteur préféré est le public cubain, celui à qui il pense lorsqu’il écrit à Mantilla où il est né.

Après l’immense file d’attente, après être passé et avoir payé - « un seul livre par personne » - avoir reçu avec émotion la dédicace, la personne se retrouve face à l’œuvre. Pourquoi est-ce qu’un public aussi important suit et adore Mario Conde et Padura ? Ce pourrait être la première question simple.

Les romans de Padura ont fait irruption dans le panorama littéraire pour changer quelques avis établis s’agissant spécialement du roman noir. Ce sont des romans très cubains selon les propres mots de l’auteur, sans imiter quelconques modèles quelque peu prévisibles, caractéristiques d’une partie du roman policier publié dans le pays dans les années soixante-dix (avec ses exceptions).

Dans Passé Parfait, par exemple, le « héros » cumule les défauts, les vices, il sévit dans un espace que nous pourrions qualifier d’immoral ou presque. Il est cependant celui qui travaille- même après une cuite, avec les yeux cernés et épuisé. Il est celui qui ressent et aime sa ville, avec tous ses défauts…En face, se trouvent les irréprochables, parfaits et faux. Suite à l’habituelle qualification (d’homme impeccable) commencent à tomber sur eux de petits chiffons sales (car finalement ils sont un véritable dépotoir).

Ces romans sont une critique sociale, toujours actuelle et nécessaire. Le genre de livre qui t’embarque un dimanche après-midi, et t’accompagne pendant les petits déjeuners -déjeuners-diner, au réveil ou après le sommeil. Il ne reste plus qu’à les inviter à se laisser embarquer. Conde, un peu débraillé, leur enseignera la phrase sur les apparences trompeuses et les amènera à réfléchir un peu sur Cuba, La Havane et comment chacun assume et construit la vie, en fonction de ses circonstances.

http://www.juventudrebelde.cu/cultura/2020-02-14/tetralogia-de-la-habana-o-la-necesidad-imperiosa-de-leer-a-padura